Par Michael Fulton
Il y avait une décennie qu’Eric, Pete et moi avions voyagé ensemble. Après avoir été presque inséparables pendant nos années universitaires, nous avons vite été soumis aux réalités du monde du travail; je suis retourné à Mississauga, Eric, à Sudbury, et Pete, à Ingersoll. Les journées passées à se lancer la balle dans ma chambre à la résidence ne sont plus que souvenirs et la meute est dissoute. Hurlements en solitaire…
Or, cela ne veut pas dire que nous ne nous voyons plus. Mais, entre les nombreux déplacements, les vies professionnelle et conjugale, et tout le tralala, il devient de plus en plus difficile de le faire. À l’heure actuelle, nous sommes chanceux si nous parvenons à nous retrouver tous dans la même pièce une fois l’an. Heureusement, cette réunion annuelle allait consister, en 2017, en un voyage de ski de 5 jours à Banff.
Quand nous nous sommes rencontrés à l’aéroport de Calgary et sommes montés à bord de notre bolide de location, nous nous sommes instantanément retrouvés dans ma chambre de la résidence universitaire. Bien que les sujets de conversation aient changé (il semblerait que la consommation de bières à l’entonnoir soit un sujet beaucoup moins populaire à 30 ans… qui l’aurait cru?), les liens d’amitié sont toujours aussi solides.
Sur la route menant à Banff, nous prenons des photos des montagnes sur nos téléphones à travers les fenêtres recouverte de saleté de la voiture, pointons les sommets à gauche et à droite, tous plus impressionnants les uns que les autres, et nous en donnons à cœur à joie avec les moqueries à propos de Bad and Boujee. Nous arrivons à Banff, avec son charme de ville de ski parfait : trottoirs enneigés, restaurants et vitrines de magasins rustiques, bois à profusion, patinoire sur la place centrale et Sulphur Mountain comme toile de fond idyllique. Nous faisons le plein de l’essentiel (bière, seigle, œufs, bacon et charqui… d’accord, peut-être que nous n’avons pas tant changé), arrivons à notre hôtel et plongeons dans le spa pour planifier les jours suivants.
Que de plaisir nous attend!
Lake Louise
Nous convenons que notre première journée de ski doit avoir lieu à l’emblématique station Lake Louise. Nous parvenons tant bien que mal à nous réveiller à une heure respectable, engloutissons œufs et bacon, puis nous rendons à la station, située à une heure de route. En marchant vers le pavillon, je ne peux faire autrement que m’emballer. Ce joli chalet en bois, entouré de montagnes enneigées et d’une forêt luxuriante, offre un décor de rêve.
Nous montons au sommet en empruntant le remonte-pente Glacier Express avant de descendre notre première piste, Juniper. Magique! La vue est si spectaculaire que j’ai du mal à me concentrer sur la descente. Mais, nous tenons le coup. Après quelques heures à « perfectionner » nos virages, nous nous rendons au Whitehorn Bistro en slalom pour manger sur la montagne. Enfin, une vue que nous pouvons admirer sans craindre de tomber. Nous partageons un délicieux plat de moules et de boulettes de veau, savourons une chaudrée de maïs au homard bien consistante et faisons descendre le tout à l’aide d’une bière artisanale locale. Le prix sur la facture n’est pas exactement celui d’une cafétéria, mais on s’en fout, on est en vacances!
Nous arrivons à descendre 25 à 30 pistes différentes avant de décider que l’heure est venue de retourner à l’hôtel pour se tremper les jambes dans le spa et le foie dans la bière.
Patiner à Lake Louise
Nous décidons de troquer nos skis contre des patins le deuxième jour et nous dirigeons au Fairmont Chateau Lake Louise, dépassant un traîneau tiré par deux chevaux en route vers la boutique de location, car c’est endroit est féérique après tout.
De patiner sur le lac Louise me rappelle, avec grande nostalgie, quand je patinais sur le lac au chalet familial, seulement en mieux. En fait, à un certain point, je suis presque persuadé que mon esprit est sorti de mon corps pour me regarder patiner. C’est surréel. Nous prenons des photos enfantines, lançant de la neige dans les airs, Pete essaie de sauter par-dessus les monticules de neige (et échoue), et nous profitons de nos quelques derniers tours de patinoire avant d’emprunter la route panoramique le long de la vallée de Bow pour retourner à l’hôtel.
Nous passons la soirée à la Banff Avenue Brewing Co., savourant quelques grignotines et buvant une pinte de bière de microbrasserie locale après l’autre avant de s’arrêter rapidement au McDonald pour des hamburgers en fin de soirée (wow, nous n’avons vraiment pas changé depuis l’université…).
Mount Norquay
Pour être franc, je ne savais pas très bien à quoi m’attendre à Mount Norquay. La station n’a pas la même notoriété que Lake Louise ou Sunshine, et nos corps ne semblent pas se remettre aussi rapidement que dans nos jeunes années d’université (d’ajouter du fromage de chèvre aux canneberges à nos œufs brouillés n’a pas aidé Pete), mais les vues sur la route touristique jusqu’à Mount Norquay devraient à elles seules en valoir le coup.
Et, comme elles en ont valu le coup! Chaque fois que nous montions à bord du remonte-pente Mystic, je me retournais pour admirer la vue sur Cascade Mountain au loin. En fait, le ski fut tout aussi fantastique. Bien que les pistes soient plus courtes que celles que l’on trouve à Lake Louise et à Sunshine, elles sont tout aussi stimulantes. Après quelques descentes glacées sur Monods Legacy, nous avons décidé de monter la barre et avons trouvé notre piste préférée de la journée : Giv’er Grandi. Sa désignation « losange noir » doit en avoir effrayé plus d’un, laissant la neige fraîche à nous seuls. Et bien, tant pis pour eux. Nous avons descendu la piste à plusieurs reprises, en plus d’avoir trouvé un saut amusant en chemin, avant de nous rendre à vive allure au Cascade Lodge pour déguster bières et hamburgers. Une autre excellente journée, n’est-ce pas les gars?
Sunshine Village
Nous ne le savions pas à ce moment, mais nous avons gardé la meilleure journée de ski pour la fin. Même si elle n’est pas aussi classiquement jolie que Lake Louise, la station de ski Sunshine Village est l’endroit parfait pour notre combinaison d’habiletés en ski. Comme elle compte beaucoup de pistes larges, nous avions l’impression que la montagne était toute à nous.
Sunshine nous a également donné une leçon d’humilité. Après quelques jours de ski sur de grosses montagnes, nous commencions à croire que notre technique était tout simplement impeccable. Cela dit, jusqu’à ce nous tombions sur les bosses de la piste Birdcage… Loin d’être une expérience extracorporelle, ce fut une leçon de vie « faites que je ne tombe pas, faites que je ne tombe pas, faites que je ne tombe pas ». Le mantra a fonctionné, et nous nous en sommes sortis indemnes grâce à notre volonté et à notre (grande) chance.
Tandis que nous en sommes à nos dernières descentes sur ce vaste terrain de jeu, je pense à quel point j’aurais aimé pouvoir passer 10 jours de plus dans ce paradis hivernal. Non seulement ce fut la meilleure expérience de ski de ma vie, mais j’ai pu la vivre avec deux des meilleures personnes que je connaisse.
Avant de nous diriger vers l’aéroport, nous passons rapidement par le lac Minnewanka, où nous avons la chance d’admirer, pour la dernière fois, des paysages fantastiques et de voir quelques wapitis se battre en duel. Il semblerait qu’ils se battent plus que nous, puisque nous ne nous sommes pas querellés, critiqués ou plaints une seule fois pendant ce voyage. Seulement trois bons amis appréciant leur compagnie, échangeant des rires et skiant aux jolies stations de Banff.
Reste à voir si nous nous querellerons l’an prochain lorsque nous skierons en Colombie-Britannique!