Par Dave Fonda
Ski hors piste*. Ski aventure. Randonnée alpine. Ski sauvage. Randonnée à ski. Au Québec, il existe presque autant de façons de dire « ski hors piste » que de façons de le pratiquer. Mais, peu importe l’expression utilisée pour le désigner, une chose est certaine : La randonnée alpine n’est pas une nouveauté dans la Belle Province. Elle transforme la manière dont de plus en plus de skieurs profitent des montagnes et en tirent le maximum.
Donc, qui sont ces fanatiques de l’arrière-pays? Pourquoi sont-ils à la recherche d’une telle aventure? Et où et comment peuvent-ils s’adonner à leur nouvelle passion?
Les Basses-Laurentides : Le berceau du ski en Amérique du Nord
Pour le découvrir, j’ai commencé mes recherches dans le berceau du ski en Amérique du Nord, la région des Basses-Laurentides, située au nord de Montréal. La région est truffée de noms emblématiques, tels que Morin Heights, station d’attache du légendaire Herman Jackrabbit Johannsen, Avila, Mont Saint-Sauveur et Le Chanteclerc. En 1932, un entrepreneur local du nom d’Alex Foster a inventé le « ski amont » quand il a construit le premier remonte-pente à câble au monde au moyen d’une ancienne camionnette et de plusieurs longues ficelles robustes (parlez-en à vos grands-parents). Son engin branché amenait brusquement les skieurs au haut de sa pente de ski à Shawbridge.
Bon nombre des pentes de ski qui y sont nées, et qui ont alors gagné en popularité, ont disparu il y a maintenant bien des années, tout comme le petit train du Nord qui assurait à l’époque le transport constant d’une foule de skieurs avides depuis Montréal. Or, la région compte toujours de petites montagnes qui continuent de créer des champions olympiques et de renommée internationale, comme Mikaël Kingsbury et les sœurs Dufour-Lapointe.
On trouve également dans les Basses-Laurentides une vague de randonneurs alpins qui, en levant leur tuque au passé de la région, redécouvrent les plaisirs et mérites des virages ardus, un pas et une descente à la fois.
Bienvenue à Mont Tremblant
« À Tremblant, on voit les adeptes sérieux de ski hors piste se mettre en forme pour leur aventure annuelle de ski de randonnée, explique Daniel Lachance. Mais, on y voit aussi de plus en plus de femmes se convertir à la randonnée alpine, car elles aiment l’équipement léger. » Avec leur extrémité cambrée et leur revers de type ski et randonnée, les bottes de randonnée alpine gagnent en popularité auprès des Tremblantistas. Elles aiment le fait de pouvoir passer des pentes de ski à l’après-ski dans le village sans avoir à s’arrêter pour changer de chaussures.
« La plupart des nouveaux adeptes de randonnée alpine sont heureux de pouvoir monter à bord des remonte-pentes et descendre les pistes avec leur nouvel équipement léger, affirme Daniel. Mais, ils peuvent aussi gravir la montagne quand les files d’attente sont trop longues et que les pentes sont saturées. De plus, lorsqu’il fait vraiment froid, au lieu d’avoir à attendre en ligne et de s’asseoir dans un remonte-pente glacé, ils peuvent gravir une pente de ski ou emprunter un des sentiers dans le boisé et ainsi rester au chaud en faisant un peu d’exercice. »
La randonnée alpine est bien établie à Tremblant, la montagne accueillant son troisième festival annuel de randonnée alpine, où experts comme débutants peuvent essayer le nouvel équipement, suivre une leçon ou prendre part à une randonnée guidée. Et ce, même en soirée.
Bienvenue aux Cantons de l’Est
George Austin Bowen, Ph. D., a officiellement introduit le ski alpin dans les Cantons de l’Est, au sud de Montréal, en 1938, quand son rêve de faire du mont Orford une station de ski est finalement devenu réalité. Aujourd’hui, puisque le terrain entourant la myriade de pistes de ski d’Orford fait toujours partie d’un parc provincial, le ski hors piste est, strictement parlant, officiellement interdit. Cela dit, Orford compte quelques-uns des meilleurs sous-bois au pays. Si vous acceptez de vous rendre au sommet en remonte-pente, vous êtes plus que bienvenu à vous joindre aux nombreux adeptes de randonnée alpine qui le font.
À proximité, Owl’s Head a acquis sa crédibilité sur le plan du ski hors piste grâce à un joli réseau de pistes de ski et de randonnée pédestre. Malheureusement, l’homme à son origine, Luke ‘Skypowder’ Saint-Jacques n’y travaille plus à titre officiel. Skiez-y à vos risques et périls.
Si vous pensez que de skier avec un groupe d’aînés de 70 ans vous fera perdre votre temps, essayez juste de les suivre. Mise en garde : Ne pensez même pas à dépasser les femmes.
Les billets spéciaux de randonnée alpine de Sutton donnent accès aux sentiers de randonnée pédestre pour débutants, intermédiaires et experts de la station. Tous les skieurs doivent descendre sur les pistes de ski avec signalisation. Si vous avez un penchant pour un « côté sauvage » avec beaucoup d’arbres, de neige naturelle et de bosses, la Fantaisie, l’Extase et la Séduction vous en donneront pour votre argent.
Randonnée alpine au Mont Sainte-Anne (MSA)
Surplombant le fleuve Saint-Laurent et située à seulement 30 minutes à l’est de Québec, la station Mont Sainte-Anne compte certaines des meilleures pistes de ski dans l’Est de l’Amérique du Nord, c’est-à-dire que partout ailleurs. La station est aussi devenue la destination préférée des skieurs hors piste, qui peuvent désormais atteindre le sommet du mont par quatre sentiers de randonnée pédestre différents, soit deux sur le versant sud et deux sur le versant nord. C’est habituellement sur le versant nord de Mont Sainte-Anne que l’on trouve le plus de neige. La saison de ski y commence généralement plus tôt et se termine plus tard. L’ascension y est également un peu plus courte que sur le versant sud.
« Environ la moitié de nos skieurs hors piste sont des hommes, alors que l’autre moitié sont des femmes, indique Lisa-Marie Lacasse, de Mont Sainte-Anne. La plupart ont un abonnement de saison et sont des membres de la génération du baby-boom qui skient depuis des années. Bon nombre emprunteront les remonte-pentes et descendront les pistes pendant tout l’avant-midi, puis combineront randonnée pédestre et ski dans l’après-midi. »
Apprendre à un autre niveau au Massif
Jadis, d’anciens autobus scolaires jaunes transportaient les passionnés de ski du village pittoresque de Petite-Rivière-Saint-François au sommet du Massif de Charlevoix. Quand les autobus ont laissé place aux remonte-pentes à grande vitesse, puis, éventuellement, à une télécabine, la réputation du Massif a continué de croître grâce à sa neige abondante et à ses longues pistes à faire brûler les muscles des jambes. Le fait que Daniel Gauthier, cofondateur du Cirque du Soleil et génie de la finance, se joigne à l’équipe a également aidé, tout comme l’embauche de Jean-Luc Brossard à titre d’ambassadeur en chef sur les pentes de la station.
La station de ski a établi sa réputation en tant que destination sérieuse de ski hors piste lorsqu’elle a ouvert Mont Liguori. Des pentes abruptes, une couche de neige profonde et un sous-bois bien garni en font un des terrains d’essai de valeur préférés des skieurs et planchistes alpins et hors piste.
Cette année, Cédric Blouin et Michel Bisson ont monté la barre en matière de randonnée alpine en ouvrant leur centre d’aventure en montagne Whisjack au Massif. Ils se concentrent sur l’initiation des skieurs et planchistes à l’arrière-pays, les guidant et, surtout, les renseignant sur la façon d’éviter les risques inhérents au sport tout en profitant des plaisirs du ski et du surf des neiges hors piste.
Les Chic-Chocs : La Mecque de la randonnée alpine au Québec
Les monts Chic-Chocs dans la région bien enneigée de la Gaspésie reçoivent en moyenne 700 centimètres de cette magnifique poudre moelleuse blanche par année. Bien que ces anciens sommets rocailleux aient été érodés et adoucis par les vents des zones côtières de l’Atlantique, les monts sont abrupts et invitants. Ils sont aussi accessibles par télésiège, par motoneige, par dameuse, par hélicoptère ou à pied. Il n’est donc pas surprenant que tant de Québécois surnomment cette station la Mecque.
Les skieurs hors piste qui s’y rendent pour vivre une expérience euphorique ont plusieurs options, notamment Ski Chic-Chac et Ski Chic-Choc. Il ne s’agit pas d’un test. Encore…
Ski Chic-Chac, qui se situe à Murdochville, offre aux skieurs et planchistes hors piste quatre différentes options.
- Vous pouvez emprunter les remonte-pentes pour accéder aux 32 sentiers et pistes sous-bois du Mont Miller.
- Ou vous pouvez y pratiquer le « cat ski » ou l’héliski sur les 15 pistes boisées du Mont York.
- Ou encore sur les 12 pistes et les 2 champs de poudreuse du Mont Porphyre.
- Une autre option consiste à s’y rendre à pied et à skier sur le mont Lyall, de préférence accompagné d’un guide.
Le choix vous revient. Bien que la dénivellation soit modeste comparativement aux standards de la Côte Ouest, la neige y est suffisamment profonde et entièrement naturelle. L’espace de restauration commune et les tarifs abordables (les ados de Murdochville skient gratuitement au Mont Miller) font de Ski Chic-Chac l’une des destinations préférées des jeunes passionnés de randonnée alpine.
Bon ski.